Magali Cécile Bertrand on Nostr: Bon, bêtises mises à part, petite réflexion méta: je trouve toujours intéressant ...
Bon, bêtises mises à part, petite réflexion méta: je trouve toujours intéressant d'assister aux colloques, séminaires etc sur les langues dites minoritaires parce que j'y entends souvent des commentaires sur les faits qu'on présente, du genre "le nombre de locuteurs a malheureusement baissé...".
Je ne sais pas si c'est malheureux dans l'absolu. Je ne pense pas non plus que ce soit *vraiment* gênant que la personne qui s'exprime donne son avis au passage (disons que tant que ça reste un adverbe ou adjectif de temps en temps, ça va, on le repère).
Je n'ai pas l'impression de voir ça en sociologie, mais c'est du pifomètre complet. En anthropologie c'est un peu différent, mais on parle en cours de la question de prendre fait et cause pour les gens qu'on observe.
Je préfère quand (ça arrive souvent) les gens disent clairement quel est leur engagement vis-à-vis du terrain et surtout dans des associations locales de revitalisation. Bizarrement, ça n'est pas toujours très explicite quand cet engagement est politique et que les gens sont en mandat. Mébon.
(un jour je parlerai probablement de mes expériences de questions parfois assez détournées/fourbe pour savoir quel est mon rapport au yiddish)
Il est vrai justement que mon rapport au yiddish ne peut pas être celui de locuteurices "natifs" ou d'héritage, puisque j'ai appris cette langue de zéro récemment, mais ça n'est pas pour ça que je n'ai pas d'avis sur certains aspects de mon terrain. Ceci étant, je ne me vois pas trop faire ce genre de commentaires (et dans les deux sens du terme: si ça se trouve, j'en fais et je ne m'en rends pas compte).
Je me dis quand même que des considérations (déjà entendues en colloque) du type "telle pratique est artificielle" ou "moins légitime" ne sont pas très loin, et je pense vraiment qu'on doit se garder de dire ce genre de choses dans le cadre de nos travaux. Ce serait comme de dire que le français est une belle langue en fait. Bon, c'est aussi ce qui (me) rend certain-es sociolinguistes un peu pénibles, à se mettre systématiquement en surplomb sous couvert de rester à un niveau métalinguistique. Autre sujet à développer, notre propre rapport à nos langues et à notre parole scientifique.
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